Comme un arbre parmi ses potes
Ses vieilles branches qui papotent
Il observe, il voit, il décrit
Les gens qui fleurent, les gens qui crient
Il les écoute, il les hume
Et ils renaissent sous sa plume
Entre son stylo et son verre
Vu qu’il a soif même l’hiver
Sa soif a deux sources jumelles
Où son âme et son corps s’emmêlent
Du verbe qui s’écoule à flots
Au raisin noir pris au goulot
Car dit-il « Pour que la vie bouge
Il faut voir gros, il faut voir rouge »
Chope à l’endroit, chope à l’envers
Vu qu’il a soif même l’hiver
Il promène une plume blanche
Que les mots suivent en avalanche
Aucun besoin de les épier
Ils retombent tous sur leurs pieds
Qu’ils poussent en vers ou en prose
Faut chaque jour qu’il les arrose
Quitte à avaler de travers
Vu qu’il a soif même l’hiver |
On dirait jamais qu’il s’efforce
Telles le tronc de l’arbre l’écorce,
Les images, la poésie,
L’épousent avec des « Allons-y ! »
Et c’est grâce à ces retrouvailles
Qu’on dirait jamais qu’il travaille
Tant il en descend de sévères
Vu qu’il a soif même l’hiver
À l’inverse des gens sans classe
Le prestige c’est pas sa tasse
Au thé, il préfère le tabac
Le dur, celui des gens d’en bas
Il croise avec eux ses volutes
Ça aide à faire passer les luttes
Puis joue du pichet grand ouvert
Vu qu’il a soif même l’hiver
Pour résumer le personnage
Disons qu’aux Rimbaud de son âge
Il ressemble en bien des côtés
Même qu’ils ne sont pas quantité
Mais son ambition polychrome
Bon an, mal an, c’est d’être un homme
Un homme qui vit de ses vers
Vu qu’il a soif même l’hiver |